Mission 1 : A.S.I.E Patamil Centraider


Jours 7 à 9 :

Nouvelle journée de déplacement dans les villages des Jawadhu Hills (JH) mais cette fois dans le village le plus éloigné et le plus pauvre. Pour y accéder nous avons passé plus de 1h30 sur une route étroite et particulièrement défoncée, sinueuse, dangereuse avec par moment des ravins… Le chauffeur de notre minibus est un as du volant, à chaque seconde le danger est là et son klaxon est en permanence appuyé pour annoncer notre venue ! Étonnement, alors qu’en France nous serions effrayés, c’est avec sérénité et confiance que nous découvrons des paysages de moyennes montagnes d’une grande beauté. C’est la période des récoltes du petit millet, les paysans s’activent en faisant sécher la paille étalée sur les routes, seuls endroits propres et chauds par le soleil sur le goudron. Les femmes, les hommes et les enfants sont au travail pour mettre la paille en bottes, pour secouer à la main des paniers de grains pour les décortiquer et les dépoussiérer. Un travail long et harassant !

Au village de Pallathur, les femmes et les hommes nous attendent sur une petite place bétonnée où nous nous présentons mutuellement. Ganesh, de la Dhan Foundation est ravi car un homme est venu de très loin pour assister à notre rencontre. Il est intéressé par le sujet du jour : l’installation de panneaux solaires et les techniques pour retenir les terres et freiner l’érosion.

Pallathur, avec ses 350 habitants, est entouré de montagnes qui déversent de l’eau bienfaitrice pour les cultures. Mais, le changement climatique, ici comme ailleurs, provoque des périodes de sécheresse puis des pluies de moussons hors normes ! Tout est balayé, les terres pentues glissent et emportent les plantations. Avec l’aide de la Dhan, il a été construit des murs de pierres qui canalisent l’eau et retiennent les terres. Cette solution locale est une adaptation au changement climatique que la Dhan propose aux villages en proie à des phénomènes qu’ils ne comprennent pas toujours.

Aucune des femmes n’est allée à l’école et beaucoup d’hommes ni sont allés que très peu ! Une fois encore, l’accès à l’éducation est indispensable et dans la durée car nous constatons que beaucoup d’enfants n’y vont pas régulièrement et arrêtent très tôt d’y aller pour aller aux champs !

A Pallathur, nous avons visité la classe unique de 50 élèves ! De 50m2 maximum, assis sur un sol en ciment, le maître fait classe par groupe d’âge, assisté par deux personnes qui font faire les devoirs aux autres élèves. Les séquences font une heure. Pour l’apprentissage de l’anglais, il utilise un site gouvernemental en ligne avec une méthode active. Une démonstration nous a permis de voir que les élèves sont très disciplinés et obéissent sans sourciller. A 50 dans la classe, c’est indispensable !!

Les habitants de Pallathur, sont en fait, itinérants car 5 mois par an, la moitié du village part cueillir le thé ou le café au Kerala. Les enfants de plus de 5 ans restent à l’internat de l’école ou avec les grands parents. Toutefois, certains plus grands suivent leurs parents pour travailler avec eux !! Ceci n’aide pas à la régularité de la scolarisation !

Une autre difficulté explique les conditions de vie très précaires des villageois. C’est l’accès à l’électricité. Reliés au réseau, ils subissent de très nombreuses coupures liées à la production trop limitée des centrales, aux forts vents qui cassent les lignes, au temps très long pour que ce soit réparé (plusieurs semaines ou mois !). Pour s’éclairer, ils utilisent alors des lampes au kérosène qui dégagent des gaz toxiques et éclairent très mal !

Aussi, la Dhan a mis en place un projet d’installation de panneaux solaires individuels. 37 ont été installés parmi les 60 familles du village. Ses familles disposent d’une ampoule LED pour l’éclairage et elles sont heureuses de nous montrer ce progrès dans la qualité de leur vie. La batterie a une autonomie de 6 heures pour la nuit qui ici dure 12 heures toute l’année. Lorsqu’elles ont besoin de se lever pour les enfants appuyer sur un bouton pour se déplacer dans la maison est un grand confort nous disent-elles. Souvent, elles dorment dans les champs, lors des travaux agricoles car ils sont éloignés du village. Les hommes leur apportent les batteries qui leur permettront de s’éclairer…

Les prochaines batteries qui vont être livrées pour poursuivre l’équipement de toutes les familles volontaires, seront équipées d’une prise pour recharger les téléphones portables. Ici, le téléphone portable est une avancée, dans la condition de vie des habitants, très importante. Isolés de tout, ils peuvent prévenir les secours en cas de besoins, se joindre dans les parcelles agricoles très éloignées les unes des autres, joindre les habitants qui partent plusieurs mois à la cueillette du thé, etc.

Cette journée nous a vraiment marqué par la pauvreté dominante, les conditions difficiles d’apprentissage à l’école, la quasi impossibilité d’envisage