La catastrophe du RanaPlaza


   Le 24 avril 2013, à Savar dans la banlieue de Dhaka au Bangladesh, un immeuble de 7 étages s’effondre sur des employés du textile, faisant au moins 1 138 morts et encore plus de blessés. Près de 100 corps ne seront jamais retrouvés. Dans cette construction initialement prévue pour 5 étages, travaillent ce jour là plus de 3000 personnes. Pourtant, depuis la veille, cet édifice présente de nombreux signes de faiblesse et le matin du 24 les employés refusent de reprendre le travail mais menacés de non paiement des salaires et de licenciement chacun regagne son poste… Il leur faut honorer les commandes de grandes enseignes occidentales. Pour moins de 2 € par jour, ils fabriquent nos vêtements. Même au Bangladesh, un tel salaire ne permet que de survivre.

   Au Bangladesh, il existe des milliers d’ateliers comme celui-ci et les accidents mortels sont fréquents mais celui du Rana Plaza demeure le plus important qu’ait connu le pays, un véritable traumatisme pour le monde entier. Aujourd’hui, le gouvernement, des associations et des grands groupes étrangers souvent impliqués dans la catastrophe essaient d’améliorer les conditions de travail, les salaires, la sécurité et tentent de mettre en place des systèmes d’assurances.

   “En novembre et décembre 2015, grâce à une importante association bangladaise, Gonoshasthaya Kendra, plus souvent appelée “GK”, j’ai la chance de rencontrer et  photographier une centaine de survivants. Je suis alors très impressionné par leur dignité, leur capacité de résilience, leur courage. Il s’agit pour l’essentiel de jeunes femmes.

   Toutes et tous ont vécu l’horreur de sentir le monde s’effondrer comme un château de cartes sous leurs pieds et sur leurs têtes aussi ; beaucoup se sont trouvés coincés, écrasés, broyés par des blocs de béton, des ferrailles, des machines… Pendant des jours les secours ont retiré rescapés et cadavres des décombres. Outre les blessures physiques qui souvent ont été bien prises en charge, subsistent les blessures des âmes qui ne se refermeront pas. Des sommes d’argent dites de “compensation” (provenant essentiellement des compagnies impliquées dans ce désastre) ont été versées à la plupart des victimes ou à leurs familles, mais les montants se révèlent insuffisant, ne permettant que de survivre pendant quelques années tout au plus.

   Je tiens à remercier toutes ces personnes d’avoir accepté de me confier leur image et à demander à celles qui n’apparaissent pas dans cette exposition de bien vouloir m’en excuser. Il est impossible d’y représenter chacune. Merci aussi à l’association GK sans laquelle rien n’aurait été possible. Elle fait un travail remarquable dans tout le pays et dans bien des domaines, assurant également  depuis plusieurs années le suivi des victimes du RanaPlaza.”

Jean-François FORT